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On l’a vu dans les articles précédents, le besoin de trésorerie nait de la différence entre le besoin en fonds de roulement et le fonds de roulement. Cependant, le diagnostic réalisé et la quantification du besoin ne suffisent pas. Il faut désormais financer ce besoin de trésorerie, avec suffisamment d’anticipation pour éviter les risques de rejet de sa banque.

Comment ? Par le haut du bilan, c’est le financement du fonds de roulement (FDR). Par le bas du bilan, c’est le financement du besoin en fonds de roulement (BFR)

Par le haut du bilan:

La première démarche consiste à financer le fonds de roulement, notamment pour les sociétés en croissance. Dans ce type de société, le besoin en fonds de roulement évolue au rythme de la croissance du chiffre d’affaires, et il est probable que la variation du résultat – toutes choses égales par ailleurs – ne permettra pas de financer le besoin de trésorerie né de la croissance. Plusieurs facteurs peuvent jouer sur l’augmentation du fonds de roulement: la cession d’actifs, l’apport en capital ou en CCA bloqué, ou bien le crédit de fonds de roulement. C’est de ce dernier dont nous allons parler.

Il est consenti par la banque de l’entreprise, voire la BPI pour autant que le pool bancaire de l’entreprise ait participé à due concurrence de l’intervention de la BPI, au financement des investissements de l’année. Ou bien encore la banque seule avec la garantie de la BPI. Ce sont des éléments de contexte qui aident au choix, et notamment cotation BDF et taux d’intérêt BPI, équilibre des financements banques et BPI, montant du prêt à consentir, etc…

Tant que faire se peut, on privilégiera la solution BPI qui offre une durée totale de 7 ans avec un différé en capital de 2 ans, le différé ayant un effet bénéfique sur la trésorerie, surtout si la société est en forte croissance.

Les banques classiques limitent la durée de leurs concours à 4 ou 5 ans, sans différé et ont une approche très rigoureuse (élitiste ?) sur ce type de concours.

Le prêt se rembourse avec les résultats futurs. Il faut donc que l’entreprise soit financièrement saine et qu’elle anticipe des résultats suffisants pour rembourser le crédit consenti et financer ses investissements courants.

A ce sujet, on relève qu’il peut y avoir un effet d’éviction des emprunts courants après mise en place du crédit de trésorerie. Le DAF de l’entreprise sera donc vigilant pour satisfaire cet équilibre entre les financements de moyen terme.

Par le bas du bilan:

1- Le découvert

Plusieurs techniques existent, non exclusives l’une de l’autre, basées soit sur le poste clients, soit sur le stock, soit non adossées.

La technique non adossée se dénomme la facilité de caisse ou le découvert. C’est le crédit confiance par excellence car il ne correspond pas à un besoin précis, dénommé. C’est ce qui fait dire aux banques que c’est un crédit risqué ou crédit en blanc. En général, pour mesurer son risque, la banque limite le montant du découvert à quelques jours du CA TTC, environ 15 à 20 jours. Elle veille également que la ligne ne soit pas en permanence dans le « rouge ».

Ceci dit, pour le client, c’est vraiment le crédit de trésorerie idéal car pas de justificatifs à fournir et fonctionnement très simple. Alors, c’est vrai, le crédit est plus onéreux que les autres dits adossés, mais comme le calcul des agios se fait au jour le jour sur l’utilisation réelle et donc au centime près, au final si la consommation de ce crédit est raisonnable et conforme à l’usage, il n’est pas très cher. Si on le compare à l’escompte, crédit de taux nominal plus faible, on relève que les agios sont calculés sur la totalité de la cession de créances et non pas sur le besoin réel de financement.

2- L’escompte commercial:

Le client vous règle avec une traite. La marchandise est livrée, le client a accepté la traite et a donc reconnu la qualité de la marchandise ou de la prestation, le montant est fixé, de même que la date de règlement. La domiciliation bancaire est prévue. Pour la banque qui escompte la traite, c’est du bon crédit, la transaction commerciale est réalisée, elle n’a juste qu’à anticiper le bon dénouement. Remarque: l’opération d’escompte par la banque ne présume pas de la solvabilité de votre client. En cas d’impayé, la banque contrepasse l’écriture…avec frais.

Il y a de plus en plus de traites dématérialisées, sans les signatures officielles, sauf celle du remettant, ce qui relativise les recours cambiaires au profit de la banque, mais ce type de concours reste un bon crédit tant du point de vue du banquier que du client. L’inconvénient cité supra est que la totalité de la cession est portée au crédit du compte, alors que le besoin n’est pas nécessairement sur la même durée. Pour contrer ce problème, certaines banques pratiquent l’escompte en compte ou le découvert adossé, techniques qui permettent de trouver un compromis entre la sécurité de l’escompte et le besoin réel facturé.

L’autre inconvénient et non des moindres est que pour réaliser une opération d’escompte, il faut une traite qu’elle soit dématérialisée ou non. S’il n’y a pas de traites, on peut mobiliser les factures, c’est le crédit dit « Loi DAILLY ».

3- Crédit « Loi Dailly »

C’est  le même principe que pour l’escompte, c’est à dire qu’on finance le délai de règlement de la facture directement par cession de la facture à la banque. Ce n’est pas une cession définitive, c’est à dire qu’en cas d’impayé à l’échéance, l’opération est contrepassée…avec frais.

Le formalisme est cependant très lourd car il faut d’abord signer une convention cadre de cession, signer un bordereau de cession qui regroupe plusieurs factures d’un même échéancier, vérifier les règlements et les non règlements. C’est à dire que si le client règle avant l’échéance programmée du crédit de mobilisation, il faut demander à la banque le remboursement par anticipation de la créance précédemment cédée et désormais encaissée. Si le client vous a demandé une prorogation d’échéance, il faut demander à la banque de proroger son crédit. Enfin, il faut veiller à ce que les factures soient bien payées dans les livres de la banque qui a fait le crédit, ceci concernant les sociétés qui ont plusieurs banques.

4- L’affacturage

C’est une opération de cession de créances sans recours, c’est à dire que le factor vous achète la facture, déduction faite d’un dépôt de garantie, et se charge de l’encaissement de la facture à l’échéance.

Les avantages de l’opération d’affacturage concernent les sociétés en croissance car il n’y a pas de ligne à proprement parler. C’est à dire que le volume du financement épouse la courbe de croissance du CA. Un autre avantage est de « délester » vos banques de concours externalisés auprès du factor, ce qui vous permet de les solliciter pour du financement d’investissement ou de la croissance externe. On voit d’ailleurs assez souvent des opérations de croissance externes adossées à de l’affacturage pour alimenter la trésorerie en soulageant les banques d’encours de crédits d’exploitation.

Les inconvénients:

  • Le coût, car la commission d’affacturage est basée sur le flux des factures cédées, tandis que le coût du financement est lui basé sur l’encours cédé. En clair, le factor prend une commission sur votre CA, commission négociable en fonction de la TMF (taille moyenne facture); en effet c’est le nombre de factures qui génère la charge du factor.
  • Sur un plan commercial, sauf affacturage silencieux (cas assez rare), le factor notifie aux clients de l’entreprise que c’est désormais à lui qu’il faut régler la facture. Sur un plan commercial, c’est d’autant plus difficile à faire valoir que la relation de proximité est forte entre vous et votre client.
  • Sur un plan administratif, il faut quand même suivre les comptes, car il est probable que l’un ou plusieurs de vos clients continuera de vous régler directement malgré la notification faite par le factor, et qu’il vous faudra régulariser cette opération auprès du factor par la suite.
  • Sur un plan technique, toutes les factures ne sont pas mobilisables, il faut qu’on puisse justifier que la marchandise est livrée (bon de livraison) ou que la prestation est réalisée.
  • Et quoi que s’en défende la profession, il y a toujours une mauvaise image de l’affacturage auprès des entreprises.

On a vu les financements adossés au poste clients, il y ceux adossés au poste stocks.

5- Le gage sur stocks

Ce crédit concerne les entreprises qui ont un stock marchand, identifiable, avec un délai de rotation relativement long, et d’un montant tel qu’il entraine un besoin de trésorerie important.

Ce crédit repose sur le principe du gage sur stock qui confère au créancier gagiste (la banque) un droit préférentiel de paiement en cas de difficulté de l’entreprise.

Comme le stock doit être isolé dans un endroit de l’entreprise, dédié au créancier gagiste, et fermé, on imagine que le stock en question ne doit pas mouvementer tous les jours ni évidemment pas plusieurs fois par jour. C’est une première contrainte.

La seconde contrainte est le coût, la rémunération du gestionnaire du gage pour la banque venant s’ajouter au coût du crédit.

La troisième contrainte concerne la possibilité d’isoler dans un local indépendant la marchandise gagée.

Voilà pour le descriptif des crédits de trésorerie qui peuvent être proposés par les banques. On le voit, le choix est complexe, souvent technique, et toujours multiple. Il importe d’avoir un conseiller indépendant des banques pour vous aider à trouver le meilleur financement, celui qui est le plus adapté à votre capacité financière et à vos besoins.

N’hésitez pas à consulter le rédacteur de ces quelques lignes…